Laetitia
Journée de la femme... c'est yoga ça ?
Dernière mise à jour : 9 mars 2020
Yoga, c'est unir, rassembler, aller à l'essence. C'est développer notre conscience d'être, et de réaliser que tout n'est qu'un.
Cette journée de la femme me ramène justement à cette philosophie d'union inhérente au yoga. Je vous explique pourquoi...

Qu'est-ce que ceux qui déclarent les "journée de" entendent-ils célébrer ou mettre en lumière ? Je vous avoue que je me suis posée mainte fois la question.
Les droits des hommes et les droits des femmes ne sont-ils pas les mêmes ?
N'y-a-il pas là encore, une dualité que nous renforçons encore toujours ?
Une question d'humanité
Défendre la femme ne revient-il pas à défendre l'humanité en chacun de nous que nous soyons homme ou femme ou ni l'un ni l'autre ou les deux ? Défendre quelqu'un, qui, quel que soit son sexe, son age, ses particularités, mérite le même traitement et la même considération que tout un chacun. C'est bien théorique tout ça me direz-vous. En pratique j'ai envie de vous répondre que NON. C'est très concret car le respect ça s'applique tout les jours, le choix de la non violence, de la compassion, du don de Soi c'est à chaque instant !
S'ouvrir, partager, ne pas s'enfermer ni cliver
A certains moments de ma vie, j'ai souffert beaucoup, et j'ai réalisé bien plus tard que j'ai inconsciemment entretenu cette souffrance en m'enfermant dans ce rôle de victime. Comme un larsen, un schéma redondant, qui appelle à revivre ce qui blesse. Bien entendu, chaque trajectoire et chaque souffrance est unique, je ne fais que partager mon expérience personnelle. N'y voyez aucun jugement de ma part. Ce que je veux dire ici c'est que, même si les actes violents dont j'ai été victime ont eu lieu de la part d'hommes sur ma personne en tant que femme en devenir ou jeune femme, j'ai tout enfoui, et fait comme si ce n'était pas grave. Rien de visible, sauf un schéma de victimisation : j'ai continué à vivre comme si c'était une fatalité que cette violence à mon encontre se reproduise. Et j'ai envie de vous dire qu'aujourd'hui je peux voir quand ce schéma est réactivé chez moi, et que cela me permet de ne plus me définir comme victime, mal considérée, non respectée. Je ne m'enferme plus dans ce rôle. Même j'avance et je vis avec cela, mon existence ne se résume pas à ça. Et je sors aussi du triangle Persécuteur, Sauveur, Victime. Je vous invite à creuser ce concept du triangle dramatique décrit en 1968 par Stephen Karpman. Car avoir conscience de ces mécanismes psychologiques, les voir, vous permet d'en sortir et de reprendre les rennes de votre vie.
Donc, ne nous clivons pas nous-mêmes, et ne clivons pas tout court !
Alors OUI, défendons les droits de l'Homme, OUI défendons les droits de vivre en paix et avec décence pour tous, qui que nous soyons, où que nous soyons, à notre mesure.
Les femmes, des femmes, différentes mais pas seules
Et puis la journée de la femme... laquelle ? Il n'y a pas UNE femme, mais des femmes. Célébrer la féminité, ça s'entend... mais LA femme. Enfin quoi, celle des magazines ? Celle idéalisée, celle qui s'écrase, qui se soumets ? Nooon !
Celle qui enfante ? Celle qui n'enfante pas ? Nous sommes toutes tellement différentes.
Quelle que soit la manière dont nous sommes femmes, les unes et les autres, à quoi nous sert réellement cette journée ? Personnellement, je reste dubitative. Je suis femme, et je me sens déjà tellement en devoir de porter tellement de choses positives, de graines de changement pour ce monde et celui que nous laisserons aux générations futures... Mais beaucoup d'entre nous le sont tout autant... pas seulement nous les femmes. Alors soyons unis, soyons bienveillants les uns envers les autres, soyons constructifs. Si cette journée de la femme nous fait un tant soit peu réfléchir à notre condition et la manière dont nous positionnons par rapport aux autres en fonction de notre sexe, alors cette journée aura un peu d'utilité.
Un peu de poésie et d'espérance
J'ai envie de conclure avec deux poétesses.
La première est Andrée Chedid, décédée en 2011, et qui nous laisse des graines d'amour, d'espoir et de liberté. Les bacheliers de 2019 eux, la connaissent bien malgré eux... Ils ont dû commenter son texte "L'arbre" qui n'était pas au programme. Les femmes ont peu de place dans le programme, et quand elles sont "insérées" sans crier gare, ça grince ! Les maladresses partent toujours de bonnes intentions... Saviez-vous, par exemple, qu'elle a écrit les paroles de la chanson "Je dis Aime" de -M-, Mathieu Chédid, son petit fils ?
J'adore. Tant de choses juste, et de pure joie aussi. Toute la palette des émotions et de la philosophie, des jeux de mots délicieux.
Une autre auteure que j'ai découvert un peu par hasard et avec bonheur : Esther Granek. J'ai retrouvé en ligne un morceau choisi que je vous recopie ci-dessous : le poême "Enceinte", extrait de "Je cours après mon ombre" édité en 1981.
ENCEINTE
Je suis enceinte de prés verts…
Je porte en moi des pâturages…
Que mon humeur soit drôle ou sage,
je suis enceinte de prés verts…
Belle est l’image !
Doux le langage…
« Je porte en moi des pâturages… »
Et tout à la fois, mais qu’y faire ?
je suis enceinte de déserts.
Et de mirages.
Et de chimères
De grands orages.
De regrets à tort à travers.
De rires à ne savoir qu’en faire.
Et mes grossesses cohabitent.
En tout mon être. Sans limite.
Esther Granek
Belle journée à tous.